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Chronologie des évènements de la crise Burundaise

L'émergence des tensions 



Pierre Nkurunziza, élu président en 2005 puis réélu en 2010, vient d'être désigné une nouvelle fois comme candidat par son parti politique le CNDD-FDD (Conseil National pour la Défense de la Démocratie-Forces de Défense de la Démocratie). Or, ses opposants jugent sa candidature contraire à la Constitution du pays et aux accords d'Arusha qui limitent les mandats présidentiels au nombre de deux.

Afin de justifier cette candidature controversée, les partisans de Nkurunziza rappellent qu'en 2000, il avait été élu au suffrage universel indirect par le Parlement. Dès lors, cette élection n'est pas prévue par l'article 96 de la Loi fondamentale qui dispose que le mandat présidentiel ne peut être renouvelé qu'une fois, ce qui ne permettrait pas d'inclure le premier mandat du président Pierre Nkurunziza effectué en période de transition après la fin de la guerre civile burundaise.

- 25/04/2015 : Désignation de Pierre Nkurunziza comme candidat à la présidentielle

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Suite à cette annonce, des centaines de civils se rassemblent autour de la radio-télévision publique à Bujumbura. L'armée est rapidement déployée aux alentours et repoussent les civils avec des tirs en l'air.

Les évènements du jour sont couverts par la Radio Publique Africaine (RPA), contrainte de fermer deux semaines plus tôt et réouverte par des militaires.


Le président Pierre Nkurunziza aurait décidé de quitter la Tanzanie pour rejoindre le Burundi suite à cette annonce. Toutefois, le général putschiste Godefroid Niyombaré avait appelé à la fermeture de l'aéroport de Bujumbura et des frontières, contraignant le président à retourner en Tanzanie, faute de pouvoir atterrir au Burundi où l'aéroport est fermé.

- 24/05/2015 : Arrêt du « dialogue » entre l'opposition et le gouvernement

Le Général Godefroid Niyombaré, également ancien chef des services de renseignement, a annoncé la destitution du président Nkurunziza, alors en déplacement en Tanzanie pour un sommet sur la crise actuelle au Burundi. Ce général, ancien proche du Président avait été limogé du gouvernement après avoir déconseillé au Président Nkurunziza de se présenter à un troisième mandat.

Depuis l'annonce de la volonté de l'actuel président burundais de briguer un troisième mandat présidentiel, les manifestations se multiplient et sont marquées par de nombreuses violences.

« Le président Pierre Nkurunziza est destitué de ses fonctions, le gouvernement est dissous »

Le général Godefroid Niyombaré s'exprime au nom du Comité pour le rétablissement de la concorde nationale et affirme avoir le soutien de beaucoup d'officiers et de commissaires de polices.

« Nous sommes un pays démocratique, ce n'était pas nécessaire d'être obligés de faire ce qu'on a fait. Mais vous savez, quand vous regardez ce qu'il se passe dans ce pays, ce qu'il s'est passé ces dernières semaines, il n'y avait pas d'autre voie ». 

L'annonce de la troisième candidature du président sortant Pierre Nkunrunziza déclenche une vague de protestations et de manifestations dans le pays, conduisant à de nombreuses violences au cours desquelles de nombreuses personnes perdent la vie. Toutefois, les opposants restent déterminés à obtenir le retrait de la candidature de Nkunrunziza et refusent d'abandonner leur lutte.

« Le droit de manifester, c’est notre droit. Tous les droits qui nous sont reconnus par la Constitution et les conventions internationales, qui ont été ratifiées par le Burundi ont été systématiquement enterrés par le gouvernement». Opposant, Gabriel Rufyiri

L'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) rapporte que plus de 21 000 Burundais ont fui le pays durant le mois d'avril, à destination du Rwanda et de la République Démocratique du Congo.

 - 27/04/2015 : Fermeture de radios et mandats d'arrêts émis contre les principaux opposants

La Radio Publique Africaine (RPA), principale radio indépendante réputée proche de l'opposition et radio la plus écoutée du pays, a été fermée par les autorités du Burundi, ainsi que deux autres radios indépendantes.

En outre, divers mandats d'arrêt ont été émis par les autorités à l'encontre de Pierre-Claver Mbonimpa, patron de la principale organisation burundaise de défense des droits de l'homme, qui avait incité les militants à manifester et contre Vital Nshimirimana, le principal organisateur de la campagne anti-Nkurunziza. 

 - 04/05/2015 


Lors d'un déplacement au Kenya, le secrétaire d'État américain John Kerry, déclare inconstitutionnelle la volonté de Pierre Nkunrunziza

de se présenter à un troisième mandat présidentiel. 

 - 05/05/2015 : Validation par la Cour Constitutionnelle de la candidature de Pierre Nkurunziza

La Cour Constitutionnelle du Burundi valide la troisième candidature à la présidentielle de Pierre Nkurunziza.Toutefois, le vice-président de la Cour Constitutionnelle, Sylvère Nimpagaritse dénonce des pressions voire même des menaces de mort exercées par de hauts responsables sur les sept juges afin de valider la candidature de Pierre Nkurunziza.


« En mon âme et conscience, j’ai décidé de ne pas apposer ma signature sur un arrêt, une décision qui carrément est à côté de la loi et qui a été imposée de l’extérieur, qui n’a rien de juridique » Sylvère Nimpagaritse

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- 13/05/2015 : Annonce par un ancien chef d'État-major de la destitution du président Pierre Nkurunziza 

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Le gouvernement Burundais n'a pas non plus tardé à faire parvenir un communiqué dans lequel il confirme l'échec de la tentative de coup d'État du 13 mai 2015.


« C’est avec regret que nous avons appris qu’un groupe de militaires s’est mutiné ce matin et a fait une déclaration fantaisiste de coup d’Etat. La présidence de la République annonce à l’opinion tant nationale qu’internationale que cette tentative de coup d’Etat a été déjouée et que ces gens, qui ont lu ce communiqué de coup d’Etat via des radios locales privées, sont recherchés par les forces de défense et de sécurité afin qu’ils soient traduits en justice. La présidence de la République demande à la population burundaise et aux étrangers vivant au Burundi de garder le calme et la sérénité. Tout est mis en oeuvre afin que la sécurité sur tout le territoire national soit maintenue ». 


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- 15/05/2015 : Reddition des putschistes 

Après deux jours de lutte et de combat, le Général Godefroid Niyombare, qui avait profité du départ du président Pierre Nkurunziza en Tanzanie pour lancer un coup d'État contre le régime, a annoncé sa reddition.

« Nous avons décidé de nous rendre. J'espère qu'ils ne vont pas nous tuer ».


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Suite à l'échec du coup d'État, Nkurunziza a procédé à un remaniement gouvernemental en écartant trois ministres du gouvernement. Cependant, ce récent remaniement n'a pas été justifié de manière précise par le président qui a refusé de confirmer qu'il était lié à la récente tentative de coup d'État.

Toutefois, l'ancien ministre de la défense Pontien Gaciyubwenge, a été été remplacé par un civil, Emmanuel Ntahonvukiye, en raison de « sa gestion des manifestations et des ordres qu'il a donné qui semblaient contredire ceux du président » lors la crise politique survenue le 13 mai, selon un haut cadre du parti au pouvoir qui s'exprime sous couvert d'anonymat.

 - 18/05/2015 : Remaniement du Ministère de la Défense

- 23/05/2015 : Assassinat d'un leader de l'opposition à Bujumbura

Depuis la candidature de Nkurunziza, le Burundi connait une période de vives tensions. Le 22 mai 2015, les opposants avaient annoncé une trêve des manifestations dans la capitale, afin d'entamer un dialogue avec le gouvernement.

Le 23 mai, Zedi Feruzi, président de l'Union pour la Paix et la Démocratie (UPD) a été assassiné de plusieurs balles. Selon des témoins, les assaillants qui circulaient en voiture et qui ont pris la fuite, portaient des tenues policières de la garde présidentielle.


Les leaders de l'opposition ont accusé le gouvernement de la CNDD-FDD d'être responsable de cet assassinat politique, suite à la diffusion d'un plan d'élimination physique de certains leaders de l'opposition.

« Zedi Feruzi était très impliqué dans ce mouvement de contestation contre le troisième mandat. Au moment où il savait qu’il était menacé de mort, il avait pris le risque de se joindre aux autres pour leur demander de vaincre la peur, pour leur demander de rester uni, pour leur demander de ne pas retourner en arrière dans les basses idées divisionnistes. En assassinant un politicien de poigne comme lui, ils ont voulu d’une part intimider les autres acteurs politiques et de la société civile qui refusent son mandat illégal, qui refusent d’enterrer les accords d’Arusha. Je vois dans cet acte d’assassinat ignoble une tentative de faire taire à jamais toute voix dissonante. »

Maitre Dieudonné Bashirahishize, avocat et activiste de la société civile.



Cet assassinat survient quelques jours après que Zedi Feruzi ait prononcé un discours à destination des manifestants dans un quartier de Musaga.

« C'est vrai, depuis le début de notre lutte contre le 3e mandat de Nkurunziza, ils ont mis tout en oeuvre pour nous terroriser, mais à cause de vous défendre, de ce que nous défendons, nous sommes devenus semblables et c'est ça qui nous pousse à aller de l'avant. Cette lutte nous concerne tous, c'est la lutte de tout Burundais qui souhaite qu'il y ait une paix durable au Burundi, que ne retombe pas dans la crise. Je voudrais ajouter ceci : continuez, continuez cette lutte car nous avançons et nous rapprochons prêts de la victoire. Je vous le dis, il reste peu de jours avant la victoire. Merci ». Zedi Feruzi


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Suite au meurtre de Zedi Feruzi, les opposants ont suspendu le « dialogue » avec le gouvernement. En outre, ils ont incité les manifestations à reprendre avec encore plus de vigueur malgré la courte trêve initiée. Dans un communiqué, la Coordination de la campagne contre le troisième mandat a annoncé qu'elle suspendait « sa participation au dialogue, encore en phase préliminaire, initié par le Menub (bureau des Nations Unies pour les élections) entre le gouvernement du Burundi et les différents acteurs sociopolitiques ».


« On ne dialoguera pas dans le sang et sous la menace de mort ! » La Coordination


Suite à cet assassinat, les violences ont repris avec encore plus de vigueur et de nombreux autres incidents sont dénombrés dont la mort de plusieurs manifestants suite à l'explosion de grenades lancées dans la foule. L'instabilité se renforce en particulier à Bujumbura, la capitale du Burundi.


- 09/06/2015 : Annonce du calendrier officiel des élections

Sous la pression internationale et le climat d'instabilité dans le pays, les élections législatives et communales initialement prévues le 26 mai sont reportées au 26 juin.

L'élection présidentielle qui devait se tenir le 26 juin sera également repoussée au 15 juillet.


L'opposition refuse le calendrier des élections jugé précipité et souhaite le suspendre, afin de favoriser des élections présidentielles apaisées pour lesquelles ils réclamaient la mise en place d'une nouvelle Commission Électorale Nationale Indépendante et le retrait de la candidature de Pierre Nkurunziza.

« On ne peut pas organiser des élections aujourd’hui si on ne s’assoit pas ensemble pour négocier la mise en place d’une nouvelle Céni, si on ne se met pas ensemble pour négocier les conditions politico-sécuritaires de la tenue des élections, si on ne désarme pas les Imbonerakure, si Nkurunziza ne renonce pas à son troisième mandat »
« Si les choses restent en l’état, nous considérons que ça sera une mascarade, une parodie d’élections et l’opposition n’y répondra pas » Charles Nditidje, un dirigeant de l’opposition


Philippe Nzobonariba, porte-parole du gouvernement, a annoncé que ce calendrier électoral serait définitif, rendant impossible un autre report des élections et a ajouté que la candidature du président Nkurunziza était non négociable.

« La candidature du président Nkurunziza, (...) le respect et l’indépendance des institutions prévues par la Constitution sont intouchables (...)Cette décision est non négociable »

Une telle décision a été condamnée par la communauté internationale qui estime que le climat de tension actuel au Burundi n'est pas favorable à l'organisation d'élections légitimes.

« le Burundi ne doit pas se retrouver catapulté dans une guerre civile du fait de la détermination impitoyable d’un petit nombre de personnes à garder ou prendre le pouvoir à tout prix ». Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme

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- 24/06/2015 : Défection officielle du deuxième Vice-Président de la République du Burundi

Gervais Rufyikiri, deuxième Vice-Président de la République du Burundi, a annoncé publiquement par le biais d'une lettre ouverte adressée au président Nkurunziza qu'il rejoignait le camp des opposants.

« Effectivement j’ai quitté le Burundi, parce que je n’étais plus capable de soutenir l’attitude du Président de la République, sa volonté de conduire les Burundais sur la voie de l’illégalité constitutionnelle. Le Président Nkurunziza devrait immédiatement annoncer qu’il n’est plus candidat au troisième mandat comme solution à la crise politique burundaise.”


Il enjoint le président Nkurunziza à renoncer à sa candidature à un troisième mandat présidentiel, « sinon le pays risque de sombrer dans le chaos ».

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- 02/08/2015 : Assassinat du principal collaborateur et bras droit du président Pierre Nkurunziza 

Suite de la chronologie 

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Ancien chef d'État-major de l'armée, chef de la sécurité intérieure et présenté comme le numéro deux du régime burundais de Pierre Nkurunziza, le Général Adolphe Nshimirimana a été assassiné lors d'une attaque contre son véhicule par des tirs de roquette.



« On est face à un crime clairement politique, commis par des gens très bien organisés. La situation est confuse à Bujumbura puisque c’est l’un des hommes-clés du pouvoir qui est mort et tout le monde ici a peur d’une répression. » Propos d'un habitant de la capitale burundaise, interrogé par France 24.


Cette attaque contre un membre indispensable du gouvernement de Pierre Nkurunziza entraine un mouvement de panique parmi la population qui craint des représailles et un durcissement du conflit.

« On peut craindre que dans la colère il y ait des massacres. Tout le monde à peur. Je pense que dans les quartiers où l’opposition à un troisième mandat de Pierre Nkurunziza était la plus forte, les gens doivent commencer à se barricader pour éviter de subir la colère des membres du parti au pouvoir ». Propos d'un habitant de la capitale burundaise, interrogé par France 24.

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